A PROPOS DU KLONDIKE

Des flammes, une fugue, une noyade. Un fil tragique que la gendarmerie et les lecteurs essaient de remonter dans ce roman kaléidoscopique, aussi captivant que dérangeant. Le point de départ : un village dont l’habituel silence est brisé par l’incendie qui détruit l’épicerie des Pouillol. C’est Ninine, la cadette handicapée mentale qui y a mis le feu, fragilisant un foyer déjà accablé par le souci de l’argent. Cet acte est l’étincelle qui provoque le divorce entre enfants et parents, ces derniers, évoquant l’impensable, cherchent à se débarrasser de leur fille en la plaçant en institution. Gustave, le grand frère, et leur ami André, l’embarquent dans une expédition visant à fuir l’internement. Direction : le Klondike, eldorado canadien. Mais l’aventure tourne au drame lorsque Ninine et Gustave sont retrouvés morts noyés.

Éric Rouillé aborde avec justesse la façon dont le handicap peut être perçu comme un fardeau mais peut également créer des moments de joie inattendus. L’histoire est structurée autour de la scène glaçante de la noyade, une tragédie qui lance l’enquête policière et cristallise la violence latente imprégnant le récit. D’une écriture vive qui n’est pas sans rappeler celle du Voyage de Céline, l’auteur nous plonge dans une atmosphère oppressante, où les protagonistes semblent pris au piège.
Ce roman interroge les limites de la compassion et la frontière ténue entre victime et coupable, offrant une lecture déstabilisante et inoubliable.